Fermer

C’est ici par Denis Billamboz

Couverture du livre C'est ici de Daniel Simon
Prix : 15,00 
Ajouter au panier
Livraison gratuite dès 35 € d’achat
Note de lecture

Quel plaisir de retrouver cette maison d’édition dont j’ai lu toute la production pendant plus d’une décennie et quelle production ! Que des poèmes de qualité soigneusement sélectionnés par l’ami Jean-Louis Massot. Plaisir décuplé en lisant pour ce retour des vers de Daniel Simon, un fin poète et bien sympathique ami littéraire, dont j’ai déjà lu quelques opus de belle facture.

Dans ce nouveau recueil Daniel écrit des vers pour raconter son pays, ses pays plutôt ! Catherine Van Acker a, elle, écrit : « Ici » pour dire où elle a échu, Daniel lui nous dit que « C’est ici » qu’il est né, qu’il a grandi, qu’il a vécu. Dans ses vers, il verse une bonne rasade de nostalgie en évoquant son enfance dans le pays de la sidérurgie , « … / j’en ai vu des hommes étourdis / des vapeurs d’alcool / et de fatigue du week-end / tomber tête première / dans cette fusion furieuse / sirènes mises à l’arrêt / de la vieille maison sidérurgie / … ». Il n’oublie pas non plus les nombreux moments passés dans cette campagne qu’il affectionne. « C’est ici que lumières / et entraves s’arrachent / sans merci / au corps à corps / l’aube nouvelle / … ».

Daniel raconte sa vie à travers des images, des sensations, des impressions pour se souvenir avant d’affronter la mort omniprésente dans son texte. La mort qu’il annonce en évoquant la nuit sombre nimbant ce recueil. « C’est la nuit ralentie / elle est faite pour ça / c’est la nuit / elle n’accueille que vous / c’est la nuit / … ». Il se souvient du temps des bâtisseurs, ceux qui on reconstruit la ville massacrée pendant un conflit dévastateur, « Raconte-moi / dis rappelle-nous / les temps des villes / remontées pierre à pierre / l’œil noir des italiens / turcs berbères / … ». Il évoque ce monde dans lequel il a vécu en espérant qu’il ne disparaisse pas sous les coups de boutoir des hommes de mieux en mieux et de plus en plus armés. « … / les villes / et les campagnes / auront encore un nom /où l’homme cessera / d’être idiot et ravageur / des beautés les plus / anciennes / d’hier et du matin « .

Ce recueil riche de la musique des mots que Daniel a choisi avec grand soin, résonne notamment à travers de belles assonances comme celle-ci « Des larmes encore / ni des lames ni des armes / des lames encore / … ». Il mentionne aussi la lecture comme l’une de ses occupations préférées surtout quand la nuit impose son calme irénique.: « Corps en pâte feuilletée / reliure du matin / pages cornées / de la nuit / le fil de la lecture / les yeux fermés ».

« C’est ci » qu’est sa vie, pourquoi allez voir ailleurs, « Ailleurs dis-tu / ailleurs / est toujours le lieu / où ça recommence / mais tu n’en veux plus / de ces pays lointains / où mentir / est laborieux / ici suffit / pour se perdre / au détour / de sa chambre ». « C’est ici » qu’il est né, qu’il a grandi, « C’est ici » qu’il finira sa vie, qu’il lira ses derniers textes, qu’il écrira ses derniers vers…

Denis Billamboz