Imposture. Dès le titre on est jeté sans ménagement dans l’univers « lyrico-décadent » de Jean-Christophe Belleveaux. Très vite, il en fixe le décor : « Cendrier : cormoran qui dégueule son trop plein de poisson. Mauvais whisky… ». On s’attend à retrouver un Bukowski échoué dans un vieux divan fatigué, revenu de tout, même de lui-même. Mais peu à peu transparait au fil des mots une rage, une soif inextinguible de liberté qui ne veut ou ne peut se taire.
En clamant l’imposture, l’auteur nous invite à tracer, comme le fou de l’échiquier, des diagonales. Il nous invite à flirter avec la normalité « sur le bord ébréché du monde » et à repousser les barbelés qui marquent les frontières du dicible. Un défi qui mérite grandement d’être relevé.
L’imposture est son quatrième livre publié aux Carnets du Dessert de Lune.
Les hautes cheminées de la fonderie, la gueule des fours, la sueur, le miracle infernal du laminoir, l’usine est un ogre qui dévorait mes dix-sept ans mais je savais déjà l’envoûtante Afrique, les crémations sur les berges du Gange, le Saint-Laurent pris dans la glace, les cantinas mexicaines où je laisserai ma tête aller dans les tourbillons du mezcal, les moucharabiehs, le sable, les théières en fer blanc. Se faire flibustier, pourquoi pas, explorateur, mercenaire fou pour une cause chaleureuse, une cause douloureuse.