Daniel Simon, C’est ici, poèmes, Les carnets du dessert de lune, 2025🪶
Coup de cœur pour ce recueil de Daniel Simon « C’EST ICI », qui dit les choses dans une apparente simplicité mais où chaque mot fait mouche. Une seule lecture ne permet pas de l’appréhender totalement et l’on sait déjà que l’on aura plaisir à y revenir. Des poèmes comme des lieux de rencontre où l’on se retrouve/ se reconnaît souvent soi-même.
Lucide, Daniel Simon pose son regard d’homme et de poète sur le monde tel qu’il est («Ça en valait la peine ces/trois petits tours/et puis s’en vont/le sang coule où il peut/entre deux pierres disjointes/ sur le dos des enfants/(…)disparaissent au loin/ dans les brumes lacrymales »); sur la vie comme elle va (« on sait ce qui n’arrivera plus »), la vie, indissociable de la mort puisque c’est celle-ci qui donne tout son prix à celle-là, « mourir est une raison suffisante/ pour vivre en illusions »… Les souvenirs, en particulier ceux de l’enfance si proche et lointaine, quelques regrets (« Comment/se délivrer d’un temps/indifférent à la consolation /(…)/laisser tomber/ ce qui ne tient plus en nous »), et un certain désenchantement pour « Cette année ce jour ici » où « tout recommence », prennent une bonne part du recueil.
Mais on y lit aussi une grande tendresse dans et entre les lignes, et surtout beaucoup de sincérité. « Un souffle au cœur/ ébranle tout l’immeuble/écrire du pied gauche /dans la foulée/ d’un poème maladroit/aimer n’est pas une mince affaire/pour un cœur en faillite »…
Du désenchantement, oui, sûrement, mais aussi, toujours, une lueur d’espérance pour le « continuer », comme dans le beau poème de la page 19 intitulé Bonjour et qui se termine par ces mots « après la soupe le soleil revient/et je sors à l’instant ».
Martine Rouhart
