(Note de lecture), Thierry Pérémarti, Un jour plus loin dans le jour, par Jacques Morin (Jacmo)
Un carnet pas facile à appréhender. Un carnet vertical, fil à plomb, où chaque vers ne dépasse loin de là le décasyllabe, et la strophe au grand jamais le tercet. Thierry Pérémarti fait dans l’approche, l’approximation.
Note comme dans un journal de tâtonnements. On tente, on hésite, on frôle. Les mots sont lancés, après avoir été pétris longtemps. Dès l’entame, le pari est joué :
semer ou démolir
et vivre ailleurs
À partir de là, l’enjeu est complexe et contradictoire. Et risqué pour le moins. Il n’est pas rare que les choses soient posées dans leur opposition absurde :
aucune marée ne monte, ne
descend
ou encore
le jour se déploie
se replie
ou bien deux adjectifs antinomiques : jacent / disjoint
Il suffit d’aller à la ligne pour que tout s’inverse.
tout est là
sans
y être
Il y a bien sûr la dichotomie banale déjà envisagée après / la saignée du soleil / et bientôt la nuit drue
Les deux moments s’adossent comme des entités abstraites ou chimériques.
tes ombres vois-tu m’élèveront
vers cette lumière
et plus loin :
si chaque pas n’agrandit
que notre ombre
Il y a certes cette tension entre deux univers jours improuvables mais aussi le partage défini des êtres
je suis la lèvre
de tes premiers
baisers
qui fait face à
tes yeux ton sexe
décident de l’heure
ce qui pourrait aboutir à
nos mouvements inutiles.
Une autre problématique est mise en place dès le départ plus essentielle encore :
[ne suis]
qu’un fragment de vérité
invraisemblable
qui semble se résoudre à la chute du recueil :
un pan de vrai
qui abolirait
le doute
On voit bien toute la complexité du recueil que l’auteur réussit à cerner dans ces métaphores sidérantes
le ciel de bure / les mains ivres
et surtout
la main désemmurée
Ainsi va Thierry Pérémarti sur son chemin heurté de vallon en abîme
en cordée / avec mon ombre